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Pourquoi votre diète ne fonctionne-t-elle jamais ?

Dans cet article tiré de la chronique « À votre santé » du dernier magazine RICARDO , notre collaborateur, le nutritionniste Bernard Lavallée, nous explique les pièges entourant la culture des diètes.

Cette fois, comme bien d’autres avant, vous avez décidé de perdre du poids. Le nouveau régime à la mode semble fonctionner pour tellement de personnes ! Cette année, contrairement aux précédentes, les kilos vont disparaître. Un peu de volonté et de contrôle, et tout devrait bien aller, non ?

La culture de la diète

Vouloir être plus mince est normal dans notre société. Selon l’organisme ÉquiLibre, environ 75 % des femmes souhaitent maigrir, peu importe leur poids. Cette statistique s’explique notamment par les idéaux véhiculés dans les médias. On associe la minceur à la beauté, à la réussite et à la santé. Au contraire, les personnes grosses sont victimes de préjugés. Elles sont perçues comme étant en mauvaise santé et manquant de volonté. Elles subissent également de la discrimination dans toutes les sphères de leur vie, notamment au travail et à l’école.

En résumé, notre société considère qu’être mince est une bonne chose, alors qu’être gros est mal. Cette situation a ainsi créé un terreau fertile pour que se développe une industrie milliardaire qui mise sur nos insécurités liées à notre estime corporelle dans le but de s’enrichir.

Le poids naturel

La diversité des formats corporels est normale. Chaque personne possède un poids naturel différent. C’est le poids auquel notre corps est le plus « à l’aise », c’est-à-dire que, sans qu’on y pense vraiment ni qu’on fasse d’effort particulier, il finit toujours par y revenir.

Diète, régime ou mode de vie ?

À travers les années, le visage de la diète s’est métamorphosé, en changeant de nom et de forme. Les termes « styles de vie » et « façons de s’alimenter » ont remplacé « diète » et « régime ». Même si on prétend qu’ils visent le bien-être, la santé ou « prendre soin de soi », la perte de poids reste souvent une motivation cachée. Après tout, si un nouveau « mode de vie » santé faisait gagner du poids, jamais il ne deviendrait populaire ! Selon l’Association pour la santé publique du Québec (ASPQ), moins de la moitié des gens qui tentent de perdre du poids vont en parler à leur entourage. 

Questionnez-vous : pour quelle raison voulez-vous tenter ce mode d’alimentation ? S’il y a un objectif de perte de poids, il s’agit d’une diète, peu importe son nom.

Une industrie basée sur l’échec

Chaque fois qu’une nouvelle diète devient populaire, ceux qui en font la promotion jurent que, cette fois, ils ont trouvé la recette miracle pour faire perdre du poids et ensuite le maintenir. En réalité, jusqu’à présent, nous ne connaissons aucune méthode de restriction calorique efficace à long terme. Selon l’ASPQ, entre 85 % et 95 % des gens qui suivent des diètes reprendront le poids perdu dans les cinq années suivantes. Je sais, cette statistique est déconcertante. 

On ne commercialiserait jamais un médicament qui fonctionne seulement entre 5 % et 15 % du temps. L’industrie des diètes tire pourtant profit de ce haut taux d’échec. Si tout le monde perdait du poids pour toujours après une seule diète, le commerce de l’amaigrissement n’aurait pas des clients accrochés à ses promesses toute leur vie. C’est pourtant ce qui se produit.

Selon l’Association pour la santé publique du Québec, en 2014 au Canada, l’industrie de l’amaigrissement représentait un marché de plus de 7,5 milliards de dollars.

Pourquoi les diètes échouent-elles ?

Une diète commence toujours par une restriction. Cela peut être de compter des calories, des portions ou des points. On peut également interdire certains aliments ou encore limiter les heures pendant lesquelles on a le droit de manger. Certains vont dire simplement « faire attention ». Mais l’objectif est toujours le même : manger moins.

Nous sommes généralement capables de nous restreindre pendant un certain temps. Mais notre corps, lui, n’aime pas ces famines imposées. Nous avons besoin de milliers de calories chaque jour pour bien fonctionner, et c’est son rôle de s’assurer que nous répondons à nos besoins. Ainsi, il enclenche différents mécanismes pour nous inciter à manger, comme celui d’augmenter notre faim. Il peut également diminuer notre dépense énergétique, pour conserver ses réserves. On perd donc de moins en moins de poids, même en mangeant moins.

C’est sans compter les facteurs psychologiques. Les aliments sont beaucoup plus que de simples paquets de calories. Ils apportent aussi du plaisir dans nos vies. Or, nous ne sommes pas faits pour nous priver ni ressentir des émotions négatives par rapport à ce qu’on mange. On sait d’ailleurs que les aliments interdits deviennent toujours plus tentants. Ainsi, inévitablement, on finit par « craquer », « tricher », bref, déroger aux règles que nous nous sommes imposées. On se remet à manger comme avant, et le poids augmente à nouveau. Souvent même plus qu’avant la diète. C’est parce que notre corps fait son travail !

Mais plutôt que de montrer la diète du doigt, on se blâme nous-même. On se trouve « poche », on pense qu’on manque de contrôle et de volonté. On se sent coupable de ne pas avoir tenu le coup. Et on se dit qu’il faudra tout recommencer de zéro. Ce cycle de restrictions et « d’échecs » est bien connu de ceux qui font des diètes.

Comment tourner le dos aux diètes ?

Je vais être honnête avec vous, se départir de la mentalité des diètes n’est pas une mince tâche, surtout quand on s’est battu contre notre corps toute notre vie. Je ne peux prétendre qu’un seul article puisse régler votre relation avec les aliments. Voici tout de même quelques pistes de réflexion pour entamer ce processus.

1. Les médias ont une incidence sur notre perception du poids. Suivez des gens aux corps diversifiés sur les médias sociaux. Vous verrez qu’on peut être heureux, peu importe le chiffre sur la balance.
2. Votre valeur en tant qu’humain n’est absolument pas déterminée par votre poids. Vous avez le droit inconditionnel et constant de manger les aliments que vous aimez.
3. Le poids n’est pas un facteur qui se contrôle, mais les habitudes de vie, oui. Manger diversifié et à sa faim, bouger et dormir suffisamment sont des habitudes qui favorisent la santé globale, peu importe le poids.

Effectuer ce travail seul peut être ardu. Pour cette raison, je vous conseille de consulter des professionnels de la santé, comme des nutritionnistes et des psychologues, qui peuvent vous aider à retrouver une relation positive avec votre corps et, une fois pour toutes, enfin dire adieu aux diètes.

Bernard Lavallée

Notre collaborateur Bernard Lavallée est nutritionniste et membre de l'Ordre professionnel des nutritionnistes du Québec. Il est l'auteur des livres Sauver la planète une bouchée à la fois et N'avalez pas tout ce qu'on vous dit, parus aux Éditions La Presse. Il collabore à divers médias et alimente de façon régulière son blogue. Bernard vulgarise pour nous les découvertes scientifiques en matière de nutrition. Photo : Katya Konioukhova.

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