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Comment bien s’alimenter après un diagnostic de cancer du sein

Le cancer du sein et les traitements pour le soigner peuvent entraîner divers changements quant aux besoins nutritionnels. Ils peuvent apporter, entre autres, leur lot d’effets secondaires sur l’appétit et le système digestif. En collaboration avec La Fondation du cancer du sein du Québec, on s’est entretenus avec Geneviève Alain, nutritionniste au Centre des maladies du sein du CHU de Québec-Université Laval, afin d’obtenir des conseils sur l’alimentation à adopter pour les personnes atteintes et des trucs pour que leurs proches puissent les soutenir adéquatement.

1. Quels peuvent être les effets secondaires causés par les traitements du cancer du sein sur l’alimentation?

C’est toujours du cas par cas, selon l’état nutritionnel de la personne atteinte et en fonction des traitements reçus. La personne peut avoir une perte d’appétit, des douleurs dans la bouche, des nausées, des vomissements ou de la diarrhée, ce qui fait en sorte qu’elle s’alimente moins, ou encore qu’elle absorbe moins bien les nutriments. Tous ces facteurs font en sorte qu’elles peuvent perdre le plaisir de manger ou l’envie de cuisiner.

2. Quels sont les principaux motifs de consultation en nutrition des personnes atteintes du cancer du sein?

On me consulte habituellement lors de perte d’appétit, de nausées, de perte de poids involontaire et pour divers troubles intestinaux, mais la prise de poids en lien avec certains traitements fait aussi partie des raisons pour lesquelles on vient me voir. Comme les patientes mangent parfois moins, elles peuvent perdre du poids et de la masse musculaire, ce qui peut les affaiblir et diminuer leurs défenses immunitaires. À l’inverse, certaines médications peuvent entraîner une prise de poids qui survient bien malgré les patientes et qui peut parfois entraîner des changements de l’image corporelle. Un surpoids ou une prise de masse grasse importante pourrait jouer un rôle au niveau de la mortalité et du risque de récidive chez les personnes atteintes.

3. Quels sont les aliments à privilégier en période de traitement et de rémission?

Il n’existe pas d’aliments spécifiques à consommer. Tout est une question d’équilibre. C’est ce qui est associé à une meilleure réponse aux traitements.

Le corps a besoin de plus de protéines afin de préserver la masse musculaire et un bon système immunitaire. On parle, entre autres, de volaille, de poisson, de tofu, de noix, d’œufs et de légumineuses sèches ou en conserve.

Il faut aussi consommer beaucoup de fibres alimentaires que l’on trouve entre autres dans les fruits et légumes. Ceux qui ont une couleur vive contiennent plus de composés phytochimiques, soit des éléments qui aident à garder les cellules en santé. On pense à des carottes, des courges, des choux de Bruxelles, des choux ou des épinards, par exemple. On doit manger des fruits et des légumes de couleurs variées chaque jour, pour profiter des bénéfices associés.

Comme il est important de bien s’hydrater pendant les traitements, on suggère de boire environ deux litres de liquide par jour, dont au moins un litre d’eau.

4. Et quels sont les aliments à éviter?

On suggère de réduire la consommation de viande rouge comme le bœuf, le porc ou l’agneau. Il n’existe pas de quantité spécifique à respecter, mais on se limite à quelques repas par semaine. Les charcuteries sont aussi à éviter en lien avec les composantes qu’elles contiennent. L’alcool est associé à une augmentation du risque de cancer et peut causer des dommages aux cellules. On réduit donc notre consommation le plus possible.

Aucune étude ne prouve que le sucre soit néfaste pendant les traitements. On suggère tout de même d’en consommer avec modération pour éviter les aliments à faible valeur nutritive et pour prévenir la prise de masse grasse.

Un mythe demeure concernant le soya et le cancer du sein. Il faut savoir que les données scientifiques indiquent qu’il n’y a pas de risque que le cancer du sein progresse ou qu’il y ait une récidive de celui-ci en lien avec la consommation d’aliments à base de soya. Ces aliments sont d’ailleurs une bonne source de protéines et de fibres. On peut donc manger, si on le désire, une à deux portions de soya (tofu, boisson, tempeh, etc.) par jour sans problème, dans le cadre d’une alimentation variée et équilibrée.

Un programme de soutien accessible et gratuit

La Fondation cancer du sein du Québec a lancé récemment le volet nutrition de son programme Ma santé activeMC. On y trouve du contenu pour aider les personnes atteintes du cancer du sein et outiller les proches qui les soutiennent avec des recettes adaptées, des articles et des capsules vidéo qui répondent aux différents besoins, en collaboration avec des experts dans le domaine.

5. Doit-on privilégier certains types de cuisson?

En cuisant les aliments au four ou à la vapeur, on s’assure de conserver tous les nutriments nécessaires à un régime équilibré. Par ailleurs, en faisant bouillir des aliments, on risque plutôt de perdre des vitamines et des minéraux dans l’eau de cuisson, qui ne sera pas consommée. Certains types de cuisson, comme la friture, apportera quant à elle un surplus de matières grasses non nécessaire. On entend parfois parler de la cuisson à haute température, comme au barbecue, qui puisse être à proscrire, mais les études n’établissent aucun lien avec l’augmentation du risque de cancer. Il est toutefois préférable de ne pas brûler les aliments.

6. De manière générale, à quoi devrait ressembler une journée de repas typique pour une personne atteinte du cancer du sein?

Cela varie d’une personne à l’autre, selon les besoins nutritionnels et les effets secondaires des traitements, mais pour l’élaboration ou le choix de recettes, on peut se fier aux recommandations émises par le Guide alimentaire canadien, tout en gardant en tête de miser sur la quantité de protéines. L’ajout de plusieurs collations nutritives (noix, smoothie avec yogourt grec, fromage, boissons de soya, etc.) permet d’atteindre les besoins en protéines et en énergie requis, surtout lorsque l’appétit est diminué. On évite certains aliments crus ou peu cuits (viandes, œufs, sushis), car il existe des risques d’infection, pour la personne atteinte dont le système immunitaire est affaibli (comme par certaines bactéries qui ne sont pas détruites lors de la cuisson).

7. Qu’est-ce l’entourage d’une personne atteinte peut faire pour lui permettre de bien s’alimenter?

Avant tout, il faut prendre la peine de valider ce que la personne a envie de manger, pour répondre à ses besoins. Comme les journées de traitement peuvent être difficiles, on peut lui préparer des repas à l’avance ou encore faire son épicerie. Avant de cuisiner pour une personne atteinte, il est important de se laver les mains et de laver les fruits et légumes avant les repas pour éliminer les risques d’infection.

Cet article est une collaboration entre RICARDO et La Fondation du cancer du sein du Québec.

Geneviève Alain

Geneviève Alain est membre de l’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec. Elle est à l’emploi du CHU de Québec-Université Laval depuis 2007, où elle pratique actuellement à titre de nutritionniste clinicienne au Centre des maladies du sein. Son parcours l’a aussi amenée à travailler en oncologie pédiatrique ainsi qu’en radio-oncologie, où elle a développé un intérêt particulier pour l’alimentation après un diagnostic de cancer.

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