Même si l’être humain consomme la chair des animaux depuis des millénaires, celle-ci est longtemps restée une denrée rare. Après tout, il fallait avoir du succès à la chasse pour se sustenter ! La domestication de certaines espèces, comme le boeuf, le mouton, la chèvre et le poulet, a facilité l’approvisionnement, mais cela nécessitait malgré tout un investissement en temps, en nourriture, etc. Ainsi, pendant des milliers d’années, seuls les plus nantis pouvaient se permettre d’en manger fréquemment.
Or, la situation a bien changé avec l’industrialisation du système agroalimentaire après la Deuxième Guerre mondiale. La technologie (et la science !) a permis de produire cet aliment de façon plus efficace, notamment avec les engrais et les pesticides, qui permettaient de cultiver la nourriture des animaux plus efficacement, réduisant le coût de production et rendant la viande accessible au portefeuille de beaucoup de gens. Nous sommes ainsi devenus de grands mangeurs de viande. Et la tendance risque de s’accentuer mondialement. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) s’attend à ce que la demande en viande double d’ici 2050 en raison de la croissance de la population et de l’apparition d’une classe sociale plus riche dans les pays en développement.
Mais voilà : la planète peine à soutenir notre appétit généralisé pour la chair animale. Plusieurs scientifiques remettent ainsi en question cette habitude dans le but de contrer les menaces qui pèsent sur notre environnement, comme les changements climatiques, la pollution des cours d’eau et l’effondrement de la biodiversité.
Élever des animaux est inefficace
Aujourd’hui, près de 40 % des continents sont exploités par l’agriculture — et cette superficie est majoritairement consacrée à l’élevage —, ce qui a enlevé beaucoup d’espaces aux espèces sauvages, nuisant à la biodiversité, parce qu’un animal devra consommer plusieurs fois son poids en plantes au courant de sa vie. Il faut donc cultiver de grandes quantités de végétaux, comme du maïs, du soya et du blé, pour subvenir à leurs besoins. Ces cultures demandent de l’eau, des engrais et des pesticides.
De plus, les ruminants comme les bovins relâchent du méthane dans l’atmosphère, un gaz à effet de serre très puissant. La FAO estime que l’élevage des animaux génère autant de gaz à effet de serre que tous les moyens de transport sur terre, ce qui est énorme ! Cette industrie contribue ainsi grandement aux changements climatiques, tout en participant à la dégradation des sols, de l’air et de l’eau.
Bref, si on veut diminuer la pression que nous imposons à la planète, et préserver la santé de notre seule « maison », nous devons trouver des façons plus efficaces de nourrir l’humanité. C’est dans ce contexte que l’alimentation végétarienne se présente comme une solution.
La montée du végétarisme
D’un point de vue énergétique, il est beaucoup plus efficace de faire pousser des végétaux comestibles, comme des fruits, des légumes, des grains, des céréales, des légumineuses et des noix, puis d’en nourrir des humains directement, plutôt que de passer par l’intermédiaire d’un animal. Ainsi, les personnes qui adoptent une alimentation végétarienne ou végétalienne ont un impact beaucoup moins important sur l’environnement, comparativement aux omnivores.
Selon une étude effectuée en 2018 à l’Université de Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, plus de 6 millions de Canadiens restreignent leur consommation de viande ou l’éliminent de leur régime. Environ 7 % des répondants se considéraient comme suivant une forme ou une autre de végétarisme. Sans grande surprise, ce sont les jeunes qui constituent la majorité d’entre eux. Mais les préoccupations environnementales n’expliquent pas seules pourquoi, au Canada, le végétarisme jouit d’une popularité grandissante. La santé et le bien-être des animaux font également partie de l’équation.
Toutefois, encore aujourd’hui, pour plusieurs consommateurs, un repas sans viande n’est pas un repas. Si vous faites partie de ce lot, l’idée de délaisser totalement les aliments provenant des animaux peut vous sembler impensable. Mais chaque fois que vous cuisinez un repas végé, vous faites un geste qui diminue la pression sur les écosystèmes et vous limitez la pollution créée par la production des denrées alimentaires.
Comment modifier notre assiette?
De façon générale, la production de viande rouge requiert plus de ressources, le boeuf étant un des animaux les plus polluants. En se tournant plutôt vers la volaille ou le poisson, des animaux qui ont moins d’impacts sur l’environnement, on diminue de beaucoup les émissions de gaz à effet de serre.
Évidemment, la source de protéines la plus efficace à cultiver reste les légumineuses. Apprendre à les intégrer dans notre alimentation est une réelle habitude écolo et « écono ». En 2019, ce ne sont pas les sources d’inspiration qui manquent. La section « végé » sur ricardocuisine.com comporte près de 200 recettes mettant en valeur le tofu et les légumineuses (ma préférée : le tofu Général Tao).
La nouveauté vous effraie ? Faites moitié-moitié! Dans les pâtés chinois, chilis, pains de viande, lasagnes, sauces à la viande, etc., remplacez la moitié de la viande hachée par du tofu émietté, des lentilles ou des haricots (optez pour les petits, plus discrets). Les sceptiques n’y verront que du feu.
Et pourquoi ne pas adopter le flexitarisme, soit faire de la viande l’exception plutôt que la règle? C’est une autre façon de diminuer son empreinte environnementale, sans sentir qu’on se restreint. L’important, c’est de comprendre que, chaque fois que nous mangeons, nous avons le pouvoir de changer le sort de notre planète. Et en rassemblant nos fourchettes, nous pouvons décider de créer une armée de mangeurs écoresponsables.
Un peu moins de viande, svp!
D’un point de vue santé, il ne fait aucun doute que les gens dont l’alimentation est constituée en majorité de végétaux souffrent moins de maladies chroniques, comme le diabète de type 2, le cancer et les maladies du coeur. Le Fonds mondial de recherche contre le cancer recommande d’ailleurs de limiter la viande rouge à environ trois repas par semaine et d’éviter les charcuteries.