À l’heure où le coronavirus ralentit la vie de tout un chacun, les denrées alimentaires sont de plus en plus précieuses. Sommes-nous dès lors plus imaginatifs avec la transformation de notre nourriture afin de ne laisser aucune miette tomber hors de notre assiette?
L’acquiescement
Vider son congélateur, trier ce qu’on a dans le garde-manger, transformer les produits du réfrigérateur (comme ces tomates fripées en image de couverture)… Enfin, vous allez voir, tout reprend vie et ça ouvre l’appétit! Par exemple, j’ai trouvé récemment sur une tablette, bien au frais, des jaunes d’œufs, une lime et un citron quasi oublié. Voilà un lemon curd ou crème aux agrumes qui ravive maintenant mes fruits, mes meringues et mes crêpes. C’est un assemblage qui est loin d’être une parfaite couverture du magazine RICARDO, mais qui est tout de même réjouissant en temps de confinement.
Je me fais aussi un devoir de cuisiner chaque légume un peu flétri. Celui qui est sur le bord du compost sera congelé et servira à faire un bouillon de légumes maison. Est-ce que j’aurais réellement utilisé mes choux de Bruxelles dans une soupe ramen en temps normal? Peut-être pas. C’est ce qui est beau, en fait. De l’épreuve, on ressort plus créatif. Désormais et pour un temps, la quête de l’idéal en cuisine est remplacée par le «bien correct et c’est parfait comme ça».
Thème
Zéro gaspillage
La négation
Le suremballage devient tentant en ces temps incertains. J’essaie de l’éviter, mais parfois ça semble être la seule option.
Et, dans les faits, tous nos réflexes pour l’environnement semblent tout à coup bien secondaires. Le produit chimique devient champion devant le produit biologique. Nettoyer ne rime plus avec des méthodes douces. On n’a qu’à regarder au rayon des produits ménagers. Les contenants convoités sont tous des désinfectants assez rudes pour l’environnement. Nos bonnes habitudes en prennent un coup et le jetable devient inévitablement la solution. Du moins, de façon temporaire.
S’ajoute à cette constatation le fait que, en ces circonstances, on favorise moins les achats raisonnables. C’est normal en période de crise, dit-on. À quoi serviront réellement toutes ces boîtes de conserve? Toute cette viande au congélateur? Il faudra de l’inspiration pour ne pas laisser dépérir tous ces aliments quand les beaux jours reviendront. Prévoir une semaine à la fois est possible, mais pour le mois?
L’ambivalence
Mon métier est l’exploration culinaire, mais je dois avouer que je ressens une certaine culpabilité à cuisiner de la maison tous ces plats en ce moment. Tous ces beaux défis que l’on se lance ne riment en rien avec le confinement et une cuisine raisonnée ou de subsistance. Mon gâteau des anges aux bleuets ainsi que mon gâteau au fromage revisité, que je crée présentement pour un prochain magazine d’été, sont vraiment trop gros pour deux personnes. Je vais les partager avec mes voisins (toujours en gardant 2 mètres de distance)! Faut-il se rabattre sur des valeurs sûres ou continuer à se divertir aux fourneaux? La réponse est certainement nuancée.
Peut-être qu’il y aura un «avant» et un «après» coronavirus. Je tente pour ma part de prendre ce qu’il y a de bon et de positif. En espérant que mes réflexes de non-gaspillage acquis durant cette période de chambardements perdurent par la suite. Et vous, quelles sont vos astuces pour utiliser le plein potentiel de chaque aliment?
Étienne